planche publiée le 26 septembre 2024

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Table des matières

Une baisse soutenue et continue depuis près de trente ans

1Le Massif central est un espace à dominante rurale, dont les limites territoriales officielles sont définies par la loi Montagne du 9 janvier 1985. Cet espace témoigne des difficultés rencontrées par les clubs de football amateurs depuis maintenant trois décennies. À la fin des années 1980, qui constitue le maximum atteint dans l’histoire de la diffusion spatiale des clubs de football, du moins dans le Massif central, ce sport est présent dans de très nombreuses communes. On compte alors plus de 2 000 clubs dans tout le Massif central. Mais l’entrée dans la décennie 1990 marque une inflexion, qui signe le début du recul du football. Cette baisse est constante depuis trente ans, sans que les deux titres de champions du monde obtenus par l’équipe nationale masculine durant cette période (1998, 2018) n’affectent cette tendance. De sorte que 40 % des clubs de football ont disparu. À ce bilan s’ajoute le fait que, en 2020, près d’une centaine d’associations sur les 1 206 restantes sont « en sommeil » : bien que toujours existantes, elles ne sont plus engagées dans aucune compétition, ultime étape bien souvent avant la radiation du club par les instances fédérales (figure 1).

Figure 1 - La baisse statistique des clubs de football du Massif central depuis 1990

La totalité des territoires concernés, avec quelques nuances

2Ce déclin concerne l’ensemble des territoires du Massif central, mais la nature de ces disparitions diffère selon les clubs. En effet, deux cas de figure peuvent être distingués : les clubs radiés purement et simplement d’une part, les clubs radiés à la suite d’une fusion d’autre part (figure 2). Dans le premier cas, qui concerne près de 1 250 clubs, l’association disparaît et n’est pas remplacée. Dans le second, deux clubs (ou plus) choisissent de s’unir afin de créer une nouvelle entité. Dans le Massif central, 800 clubs ont ainsi fusionné pour donner naissance à 250 associations. Cependant, d’anciennes rivalités sportives liées à la proximité géographique des clubs et leur incapacité à créer une nouvelle identité commune expliquent bien des échecs. D’autres fusions peuvent également se faire par absorption. Le service sportif ne disparaît donc pas totalement, mais une telle reconfiguration est alors synonyme d’une perte de proximité géographique pour les adhérents et pratiquants potentiels.

Figure 2 - Géographie des disparitions des clubs de football selon le type de radiation

3Dans des départements ruraux comme l’Aveyron ou le Cantal, ce recul apparaît de façon très nette. Dans ce dernier, le nombre de clubs est passé de 160 à 60 entre 1990 et 2020, soit une baisse encore plus marquée qu’à l’échelle de l’ensemble du Massif central. Toutes les zones du département sont touchées, et plus encore les territoires éloignés des pôles urbains (figure 3). Des zones entières ont donc été affectées par des fusions (en Loire par exemple), ou une disparition de leurs clubs (dans les Cévennes). Quant aux trois principales villes du Massif central (Clermont-Ferrand, Saint-Etienne et Limoges), on y constate une très grande volatilité associative. De nombreux clubs de quartier ou communautaires s’y créent, mais disparaissent au bout de quelques années, avant d’être recréés sous un autre nom.

Figure 3 - Le déclin spatial du football dans un département peu dense, l'exemple du Cantal

Des recompositions territoriales et sportives comme principales causes du déclin

4Les causes de ce recul du football sont multiples. Déclin démographique, vieillissement de la population, offres d’emploi limitées, baisse du nombre de commerces pouvant sponsoriser les clubs sont autant de facteurs à l’origine de la chute du nombre de clubs dans les territoires ruraux. En reprenant l’exemple du Cantal, qui a perdu plus de 60 % de ses clubs depuis 1990, la population a décliné de 13 % et l’âge moyen est passé de 39 à 47 ans. Tout ceci contribue au tarissement du vivier des joueurs potentiels, complexifiant d’autant la pérennité des clubs.

5D’autres contraintes en lien avec la pratique sportive sont pointées par les acteurs de nombreux clubs : complexité administrative, augmentation du temps consacré à la gestion quotidienne, mille-feuilles territorial, hausse des coûts (carburant, etc.), baisse du campanilisme, difficulté à trouver des dirigeants. À ces facteurs généraux peuvent s’ajouter des problèmes locaux, comme l’arrêt de la pratique footballistique par un groupe de joueurs, des relégations sportives, etc.

6Cette baisse constitue une perte non négligeable pour les territoires ruraux en particulier. En effet, les associations sportives sont sources de vitalité dans les communes, participent à leur identification et à leur structuration, en organisant notamment des rencontres sportives ou d’autres évènements conviviaux ouverts à tous. Pourtant, la cessation d’activité d’un club de football est un sujet peu traité par la presse locale, contrairement à la disparition des commerces et des bars. Outre les conséquences sur les sociabilités locales, de tels épilogues soulèvent aussi des enjeux d’aménagement du territoire. Le devenir des stades en est un. Certains tombent à l’abandon. D’autres sont « reconvertis » à l’image de cette petite commune qui se sert du terrain pour accueillir des évènements divers, comme ici un cirque (photo 1).

Photo 1 - Exemple de la reconversion d’un terrain de foot en lieu d’accueil d’un cirque

Crédit photo : Thomas Meignan, octobre 2021

Thomas Meignan, 2024 : « Le déclin des clubs de football ruraux dans le Massif central », in L. Lestrelin, Y. Le Lay, F. Madoré, S. Loret & S. Charrier Atlas des Sports [En ligne], eISSN : 2971-4133, mis à jour le : 07/10/2024, URL : https://atlas-des-sports.fr:443/index.php?id=631, DOI : https://doi.org/10.48649/asds.631.