planche publiée le 30 juin 2025

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Un territoire de montagne largement aménagé pour la pratique du vélo

1Andorre est l’un des plus petits États du monde et, malgré sa superficie d’environ 470 kilomètres carrés, la principauté recense environ vingt ascensions cyclables sur route, avec des sommets qui atteignent régulièrement les 2 000 mètres d’altitude, atteignables sur des routes au revêtement très soigné et lisse particulièrement prisées par les cyclistes (figure 1). La principauté mise particulièrement sur ce public et aménage son territoire en conséquence, aidée notamment par des coûts assez peu élevés dans le domaine des travaux publics (photo 1).

Photo 1 : Le panneau indiquant l’arrivée au col de Beixalis, dans la paroisse d’Ordino

Crédit photo : Antonin van der Straeten, juin 2024

Figure 1 : Andorre, un relief très montagneux mais un réseau routier adapté à la pratique du vélo

Sources : données topographiques de la NASA Shuttle Radar Topography Mission (SRTM3 v.2), cartes topographiques disponibles sur le site du Ministeri d'Urbanisme i Ordenament Territorial d'Andorre ; IGN - Géoportail ; routes cyclables (https://visitandorra.com/en/nature/cycling-in-andorra), modifié et adapté d’après Eric Gaba (Sting), https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Andorra_topographic_map-fr.svg?lang=fr, CC BY-SA 4.0 ; https://lapuritoandorra.com/fr/

2Dans un territoire très montagneux et prisé des cyclistes, la présence conjointe des voitures et des vélos, de locaux comme de touristes venant profiter de la fiscalité avantageuse de la principauté, peut être sujette à des conflits d’usage. Cependant, tout est mis en œuvre pour une utilisation conjointe de la chaussée, avec des espaces larges à destination des cyclistes sur les axes principaux, y compris dans certains cols emblématiques et vers les stations (photo 2). Par exemple, le franchissement d’Envalira et Ordino ou les montées vers Vallnord et Arcalís sont pourvus de bandes cyclables, au moins jusqu’à la sortie de la dernière agglomération, quand ce n’est pas dans l’intégralité de la difficulté. C’est notamment à partir de ces aménagements que la principauté met en avant son potentiel touristique et sportif autour de la pratique cyclo.

Photo 2 : Deux cyclistes professionnels sur la route vers Arcalís, un axe principal pourvu d’une bande cyclable

Crédit photo : Antonin van der Straeten, juin 2024

3Plus encore, les autorités andorranes ont été très loin dans une forme d’expérience touristique autour du vélo, en goudronnant des cols qui ne communiquent pas avec un autre versant de manière continue, comme au col de Cabús, frontalier avec l’Espagne, mais qui ne donne que sur une piste accessible à VTT ou avec un véhicule tout-terrain. Ces cols sont utilisés dans les tracés des deux cyclosportives organisées par des organismes privés, dont la Purito, renvoyant au surnom de l’ancien professionnel Joaquin Rodriguez, qui offre trois parcours (figure 1). De même, de nombreux aménagements sont réalisés autour de l’activité sportive, avec des panneaux renvoyant aux segments Strava, un réseau social pour sportifs, ce qui permet aux cyclosportifs de savoir où commence et où se termine une ascension (photo 3). D’autres panneaux mettent en garde sur des virages prononcés dans le sens de la descente. Au final, tout est mis en œuvre pour que les cyclistes amateurs se sentent, l’espace d’un séjour, professionnels de la discipline, avec également des hôtels, plutôt haut de gamme, destinés à ce type de pratique.

Photo 3 : Le panneau installé par la paroisse d’Ordino indiquant le début de l’ascension vers le col éponyme

Crédit photo : Antonin van der Straeten, juin 2024

Le paradis du cyclisme professionnel ?

4Se déplacer en Andorre implique de croiser assez régulièrement des cyclistes professionnels qui trouvent dans l’environnement montagnard de la principauté un milieu propice à leur entraînement. En une journée maussade d’une mission de terrain ayant eu lieu début juin 2024, une dizaine de coureurs ont été croisés en environ trois heures. L’attrait de la montagne, des routes propices à la pratique du vélo, un climat très vite doux et un régime fiscal très avantageux, se traduisant notamment par l’existence d’un permis de séjour destiné spécifiquement aux sportifs internationaux, constituent pour ces cyclistes professionnels un atout dans leur pratique, et pour Andorre une publicité non négligeable. En 2025, environ soixante-dix coureurs professionnels sont résidents permanents de la principauté : ce sont des ambassadeurs indirects via leurs réseaux sociaux, mentionnant très régulièrement leurs routes d’entraînement.

5L’accueil de grands événements cyclistes internationaux, sur route ou tout-terrain, est utilisé comme un outil de promotion territoriale. Très régulièrement, la principauté accueille ainsi le Tour de France et la Vuelta, lesquels viennent en voisins profiter de la topographie ardue des Pyrénées, mais également des installations que propose le territoire andorran, notamment autour des sports d’hiver (photo 4). En effet, les grandes aires de stationnement dans les stations sont des atouts pour installer les différentes zones techniques de ces événements sportifs, qui nécessitent jusqu’à sept hectares de terrain. Dans une partie des Pyrénées plutôt enclavée où les organisateurs des grands tours cyclistes éprouvent des difficultés à trouver des villes étapes, compte tenu notamment de l’éloignement des pôles urbains et des sites touristiques disposant d’hébergements suffisamment nombreux, Andorre apparaît alors comme une solution de repli d’un point de vue logistique et une forme de variante sportive dans l’approche du massif pyrénéen. Ainsi, face aux limites de l’Ariège ou du nord de la Catalogne, contraignant équipes et organisation à gagner Toulouse ou la côte méditerranéenne, les équipements de la principauté permettent un hébergement complet des épreuves. Celles-ci, mentionnées fièrement sur la signalisation routière du pays, participent aussi à une forme de promotion territoriale en lien avec le cyclisme.

Photo 4 : L’entrée du tunnel d’Arcalís, décoré aux couleurs du Tour de France

Crédit photo : Antonin van der Straeten, juin 2024

6En définitive, Andorre apparaît comme un lieu tourné vers la pratique du cyclisme sur route, axant une part massive de sa communication touristique sur cette pratique, et montrant par l’intermédiaire de grandes épreuves (Tour de France, Vuelta) une partie des possibilités offertes par sa topographie.

Antonin van der Straeten, 2025 : « Andorre ou le vélo marketing, une principauté sur deux roues », in L. Lestrelin, Y. Le Lay, F. Madoré, S. Loret & S. Charrier Atlas des Sports [En ligne], eISSN : 2971-4133, mis à jour le : 30/06/2025, URL : https://atlas-des-sports.fr:443/index.php?id=680, DOI : https://doi.org/10.48649/asds.680.