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La densité de courses à pied est bien plus forte dans les départements ruraux français, car de nombreuses communes, y compris très peu peuplées, en organisent. Ce type d’épreuve est ainsi perçu comme un facteur d’animation locale et répond à la popularité très grande de cette pratique physique et sportive auprès des Français.
Des courses jusque dans les plus petites communes
1La pratique du running et le nombre de courses à pied sont en plein développement en France depuis quelques décennies : 6 748 ont été organisées en 2018 sous l’égide de la FFA. La densité de courses pour 100 000 habitants, calculée en 2017, est cependant très inégale à l’échelle des 96 départements français métropolitains : ce sont les départements les plus ruraux, en particulier ceux situés dans la moitié méridionale de l’hexagone également plus montagneux, qui ont tendance à avoir une densité de courses à pied supérieure.
2La géographie des courses à pied innerve de nombreux territoires, y compris jusque dans les plus petites communes. Le choix de la commune pour étudier finement la répartition des courses est pertinent, dans la mesure où cette unité administrative marque fortement les représentations mentales et constitue le territoire par excellence de l’organisation des manifestations festives et sportives à l’échelle locale (n’oublions pas également que 90 % des courses environ sont organisées par des associations sportives locales). Une épreuve sur deux organisée en 2017 a ainsi pour cadre une commune de moins de 3 000 habitants et quasiment une sur quatre se déroule dans une commune comptant moins de 1 000 habitants (figure 1). Même les plus petites communes, celles comptant moins de 500 habitants, sont le théâtre de courses : un dixième des épreuves a pour cadre ces territoires peu peuplés.
Figure 1 : Répartition des courses à pied en France métropolitaine en 2017 selon la taille des communes
3Par ailleurs, l’observation de la proportion de communes organisant des courses à pied selon leur taille confirme la large diffusion de ces épreuves dans les campagnes françaises. Même dans les communes peu peuplées, la proportion de celles qui organisent une course est loin d’être négligeable (figure 2). Ainsi, un tiers des communes rassemblant entre 1 000 et 1 499 habitants affichent une course et un cinquième parmi celles comptant de 500 à 999 habitants. Par ailleurs, dès que l’on franchit le seuil des 5 000 habitants, la majorité des communes en propose au moins une, et la course à pied est désormais généralisée ou peu s’en faut dans les communes peuplées d’au moins 50 000 habitants.
Figure 2 : Proportion de communes françaises organisant des courses à pied selon leur taille en 2017
Quelques grands événements médiatiques et une myriade de petites courses
4La course à pied offre de multiples visages. Il y a d’un côté quelques grands événements ayant une forte résonance médiatique, réunissant des milliers ou dizaines de milliers de runners venant d’horizons géographiques diversifiés. Parmi ces épreuves, il y a d’un côté les grands marathons, comme celui de Paris (48 073 finishers en 2019, dont près d’un tiers d’étrangers en provenance de 140 pays environ), des Alpes-Maritimes Nice-Cannes, du Mont-Saint-Michel, du Médoc, ou encore de La Rochelle. Puis, d’un autre côté, on trouve des trails de renommée internationale, organisés généralement dans des massifs montagneux, comme l’Ultra trail du Mont-Blanc (UTMB), le Grand raid pyrénéens (GRP) ou encore les Templiers. Ces marathons ou trails célèbres attirent la lumière et témoignent de la montée en puissance de grands opérateurs privés spécialisés dans l’événementiel sportif, acteurs attirés à la fois par la dynamique du secteur et les marges dégagées (28 % pour Amaury Sport Organisation – ASO – pour l’édition 2018 du marathon de Paris).
5Mais la géographie de la course à pied en France est bien plus diversifiée car, au-delà de ces quelques grands événements, sa caractéristique essentielle est d’abord et avant tout marquée par la démultiplication sur l’ensemble du territoire français de courses au départ desquelles s’alignent seulement quelques centaines de runners. La moitié des courses organisées en 2017 enregistre en effet moins de 288 finishers, les trois quarts moins de 510 et le seuil des 1 000 n’est atteint que par 379 événements, soit 9 % de ceux pour lesquels le nombre de runners ayant franchi la ligne d’arrivée a pu être renseigné (soit 73 % des événements). Quant aux grandes épreuves rassemblant plus de 5 000 finishers, elles sont très rares : on n’en compte que 32 en France métropolitaine, soit à peine 1 % des événements.
6La course à pied en France échappe ainsi à tout tropisme métropolitain, tant l’essaimage ou la dispersion l’emportent nettement. Incontestablement, en innervant profondément l’espace français, jusque dans les plus petites communes, la course à pied est devenue un levier d’animation territoriale. Elle participe à la mise en scène sportive et éventuellement festive des territoires, au même titre que d’autres manifestations de nature également sportive ou culturelle. Si la course à pied est ainsi devenue un facteur d’animation locale pour un nombre croissant de communes, y compris pour les plus petites d’entre elles, c’est incontestablement du fait de la popularité très grande de cette pratique physique et sportive auprès des Français et de leur envie de courir au contact de la nature. Mais c’est aussi du fait du grand nombre d’acteurs associatifs disséminés partout sur le territoire et susceptibles d’organiser une telle épreuve, d’où cette densité d’épreuves bien plus importante dans les territoires ruraux qu’urbains. Il conviendra toutefois de dresser le bilan des années covid-19, car les observations de terrain révèlent les difficultés actuelles à pérenniser (même si on n'a pas les chiffres exacts) l’ensemble des courses, y compris certaines pourtant implantées depuis longtemps.
Pour citer ce document
François Madoré, 2023 : « La course à pied, facteur d’animation de nombreuses petites communes en France », in L. Lestrelin, Y. Le Lay, F. Madoré, S. Loret & S. Charrier Atlas des Sports [En ligne], eISSN : 2971-4133, mis à jour le : 14/06/2023, URL : https://atlas-des-sports.science:443/index.php?id=537, DOI : https://doi.org/10.48649/asds.537.
Autres planches in : Diffusion spatiale des sports
Bibliographie
Bessy O., Courir, De 1968 à nos jours. Tome 1 : Courir sans entraves, Pau, Cairn, 2021.
Massardier V., Vazquez H., « Les stratégies d’organisation des courses « hors stade » : un enjeu clé pour le développement du running, Sport Eco », Ministère des Sports, Note d’analyse, n° 17, 2019.https://www.sports.gouv.fr/sites/default/files/2023-01/note-d-analyse-n-17-les-strat-gies-d-organisation-des-courses-hors-stade-un-enjeu-cl-pour-le-d-veloppement-du-running-3292.pdf
Scheerder J., Breedveld K., Borgers J. (dir.), Running across Europe. The Rise and Size of one of the largest Sport Markets, Basingstoke (UK), Palgrave Macmillan, 2015. https://link.springer.com/book/10.1057/9781137446374
Segalen M., Les enfants d’Achille et de Nike. Éloge de la course à pied ordinaire, Paris, Métailié, 2017 https://doi.org/10.3917/meta.segal.1994.01.
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Résumé
La densité de courses à pied est bien plus forte dans les départements ruraux français, car de nombreuses communes, y compris très peu peuplées, en organisent. Ce type d’épreuve est ainsi perçu comme un facteur d’animation locale et répond à la popularité très grande de cette pratique physique et sportive auprès des Français.
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